Risques de contagion à l’horizon. Le phénomène de rébellion gagnera d’autres enseignes commerciales qui refusent de se laisser faire m’avait dit, lors du Salon professionnel de l’immobilier commercial, le Mapic à Cannes, l’un des dirigeants d’une grande foncière de la place. Et forcément ça devait arriver depuis le temps que ça gronde. La nouvelle vient de tomber. La Fnac, qui enregistrait de mauvaises performances due notamment à une faible fréquentation dans le mall du Millénaire qui vient tout juste d’ouvrir, devra relever ses rideaux.
La Fnac, contrainte et forcée, à rester dans le mall du Millénaire (Aubervilliers).
Aux termes d’une bataille juridique, la Cour d’Appel de Paris vient de trancher et donne raison au propriétaire, Icade (Caisse des dépôts) et Klépierre ainsi que sa filiale de gestion Ségécé du centre commercial du Millénaire de la Porte d’Aubervilliers qui hébergeait notamment l’enseigne culturelle. Et la Fnac s’exécute sous peine de sanctions financières de taille dictée par la Cour d’appel. Le Phénomène n’est pas nouveau, il grondait déjà. A force d’entendre les grandes foncières vanter les mérites du modèle économique des centres commerciaux relayés par des communications triomphantes sur la hausse des loyers de commerce, les commerçants (eux !) en souffrance en ont assez et le font savoir alors que dans le même temps le commerce gagne ses lettres de noblesse.
Dialogue de sourd
« Trop c’est trop ». Un dialogue de sourd entre bailleurs et locataires qui entraîne une volonté des commerçants de faire opposition aux actions des gestionnaires de centres commerciaux, c’est sur ce thème que j’ai choisis de consacrer ce billet. Aux dires des propriétaires, les chiffres d’affaires des centres commerciaux sont en augmentations de plus de 3% en 2006 et 2007.
Les résultats dégagés des d’équipements commerciaux sont bons et offrent de belles perspectives grâce au modèle économique mis en place qui démontre une forte capacité de résistance en période de récession.
Ils oublient, en revanche, de saluer l’extraordinaire travail d’adaptation (et rationalisation) de leur partenaire, les commerçants logés dans leurs murs au moment où la future réforme de l’urbanisme commercial sur laquelle le gouvernement s’est engagé après une première étape dans le cadre de la loi LME devrait, enfin, inscrire le commerce dans la stratégie d’urbanisme et d’aménagement, en l’intégrant dans le droit commun de nos règlements d’urbanisme. Rappelons que la proposition de loi déposée fin avril par le président UMP de la commission des Affaires économiques Patrick Ollier a été examinée le 15 juin 2010.
Qu’est ce qui va changer à court terme ? En clair, cela signifie que tout nouveau projet commercial n’aura dorénavant plus à passer par une procédure d’autorisation administrative avant d’obtenir le permis de construire.
En quête d’économies. Nombreux sont les projets qui auraient été abandonnés entre janvier et avril, sur tous les segments de marché y compris ceux liés au créneau projets spécifiques de Centres de marques et projets de « retail park » ces parcs d’activités commerciales à ciel ouvert dont je vous ai rappelé le principe de base dans mon billet précédent mais aussi quelques grosses opérations urbaines en attente de repreneurs.
Des enseignes agacées ET moins partenaires !
3 facteurs en cause :
1/ En gestation depuis longtemps ces gros programmes par leur taille et leur dimension structurante sur l’offre commerciale d’une ville ou d’une région, ont été suspendus, sinon purement et simplement abandonnés.
2/ Des opérateurs ont de plus en plus de mal à boucler le financement de leurs projets du fait du resserrement des conditions de crédit et chute de la fréquentation des sites commerciaux !
3/ A tel point que certaines enseignes locataires qui sont évidemment tentées de renégocier leur charges locatives à la baisse en ont assez et n’accepte plus d’être pressés comme un citron par les grandes foncières !
Cette tension a gagné un cran dernièrement, des enseignes refusent maintenant de cotiser aux associations chargées d’assurer la communication et animations des sites dans les centres. Pour les gestionnaires, ce budget n’est pas négligeable, il tourne en général entre 200 000 et 3 millions d’euros selon la taille et nature du mall concerné. En l’espère, la bataille a démarré dans le centre commercial du Millénaire, déjà en difficulté par des perspectives trop ambitieuses fixés par Klépierre, qui voit l’une de ses locomotives exploitante se retirer de la scène. Malgré tout, il obtiendra gain de cause en justice, quand aucun compromis n’est plus possible et toutes discussions vaines.
Place aux tensions. Un combat ô combien déséquilibré qui ne fait que commercer. Déjà certaines enseignes ont demandé à leurs conseils juridiques de reprendre les termes de leur bail commercial et d’en analyser les issues possibles. Ca promet des relations sympathiques pour les prochaines négociations de bail…