Redéfinition architecturale mais aussi première contractuelle spectaculaire. De simple gestionnaire de centres commerciaux, Unibail-Rodamco devient propriétaire de ce coeur battant parisien. Il a changé de physionomie de centre commercial. Parce que la simple routine conventionnelle de la « glutinum mundi » a fini par l’ennuyer et aussi l’homogénéisé. Et lassé de ce « gluten » qui colle les foules et les objets, aujourd’hui, il veut faire voyager esprits et touristes dans ce qui se présente comme une expérience de visite autour d’un parcours tropical qui se transformera en ciment social avec l’appui de ses 35 nouvelles enseignes qui rejoignent le navire amiral.
Blanc, doux et lumineux, il est devenu mystico-commercial cet espace respiratoire. Et tropical aussi, il l’est ce site unique et inédit en infographie aérienne ci-après. Plein de symboles autour de lui. Puisque planté au beau milieu d’un déambulatoire presque spirituel.
Loin du « unreal world » numérique, il flotte un air de jardin tropical en plein Paris organisé en petites prairies à ciel ouvert. En plus, elles rendent hommage à la cause du grand Nelson Mandela et il faut croire que l’Eglise Saint-Eustache non loin de là, lui a porté chance parce qu’au final, sa Bourse du commerce (qui lui fait face) a bien prospéré sous son égide monacale.
Et pour la petite histoire, à l’époque où on vous parle, celle que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître, ces anciennes halles parisiennes régnaient en maître. Depuis, l’endroit à changé de configuration. Ses douze pavillons imaginés par Victor Baltard ont été détruits faisant de lui le « trou des halles » au plein centre d’un Paris qui a toujours été marchand. Puis le Forum est arrivé, c’était en 1979.
Un centre commercial entré dans le Domaine privé de l’Etat. Et ses nouveaux patrons pour qui il travaille l’ont repris en main en le déclassant du domaine public pour reprendre les droits plein de ce beau jardin parisien qui du coup n’appartient plus aux habitants parisiens. Unibail-Rodamco et Axa, c’est le nom des protagonistes de ce projet de déclassement et reclassement, ont écrit une nouvelle story à ce poumon vert qui sévit encore au cœur de la capitale.
Alors, faire respirer ce souterrain en le dotant d’un nouveau parchemin commercial avec l’appui d’un conservatoire, d’une bibliothèque et même de cours de Hip-Hop au milieu de l’offre commerciale.
Vous voyez bien, que ce trou avait besoin d’être recoiffé par un toit fait de verre et de métal qui s’appellera Canopée comme imaginé par la bande d’architectors car aussi un peu docteurs de l’urbain Patrick Berger et Jacques Anziutti et les routiers du design social Saguez & Partners qui l’ont relifté ce centre parisien. Donc courrez le 5 avril prochain voir ce grand écart mystico-commercial qui n’a plus rien d’un commerce ordinaire mais presque devenu grand vaisseau spatial. Nous, on regrette un peu que ce lieu capital qui appartenait pourtant au patrimoine parisien soit passé aux mains d’un rentier européen sans consulter l’avis des parisiens. Et pas vous ?
Veillons, à l’avenir, à ce que la procédure de déclassement du Domaine public permettant de le « privatiser » ce centre commercial des Halles ne prive pas totalement la Mairie de Paris de ses biens parisiens. On vous l’a dit qu’elle était mystique cette story.
Photo : Mairie de Paris
NB : Cet article a été rédigé avant les terribles attentats de Bruxelles pour lequel nous sommes solidaires et avons une pensée partagée avec nos amis belges.