VIDEO. L’hypermarché « à la française » devient un grand magasin de proximité

catinvest, catteau, consommation

L’hypermarché se met au diapason et entame sa révolution.

On se souvient tous de la phrase lancée par Marcel Fournier en juin 1963 : «demain, soit je suis riche, soit je suis ruiné».

On le sait bien, une aventure se fait toujours par des rencontres et avec le concours des frères Defforey, l’homme se lance dans un pari immobilier un peu fou. Celui de concevoir de «grands magasins retail» de France et à l’époque, ne l’oublions pas, des surface de 2500 m2 étaient considérées comme des magasins de grandes tailles et voilà que naissait le premier concept d’hyper-marché de l’époque à Sainte-Geneviève-des-Bois en Essonne.

No connect, no business

Il faut croire que l’audace de ces pionniers et sans doute l’appel à la protection des grandes divinités ont fini par payer. Avec des prix jusqu’à 30 % moins cher que chez ses concurrents, la règle qu’on eu de cesse d’appliquer « no parking, no business » prend une nouvelle tournure dans le monde du Net et contraint les magasins à connecter leur offre de produits.

Commerçants dans l’âme

50 ans plus tard, 93 % des français continuent d’aller au moins une fois par mois faire leurs courses dans un hypermarché. Mais l’intérêt du modèle de l’époque portait sur l’avantage d’offrir un parking gigantesque capable d’accueillir plus de 450 places – au passage, béni par le curé du village –  bondé de voitures attirées par les deux pompes vendant de l’essence à 0,93 franc le litre (oui, c’était le franc à une époque pas si lointaine !). Le début d’une grande aventure qui donnera des idées à nombre de familles de commerçants qui ont suivi le modèle de consommation de l’époque, il s’appellent Gérard Mulliez avec la marque Auchan, ou Cédico (cédé au groupe d’immobilier commercial Tesco depuis) pour la famille Catteau, sous l’égide de Louis Catteau, dont l’ADN reste des décennies plus tard, celui d’être un bon exploitant avant d’envisager de fonciariser son activité immobilière.

Chacun s’est ensuite doté de véhicules d’investissement d’immobilier commercial et de retail propres. Immochan pour les Mulliez, Mercialys pour Casino et Catinvest pour les Catteau, les stratégies de développement de ces commerçants restent en phase avec les nouveaux modes de consommation et structures des familles actuelles et se partagent le marché avec les autres Leclerc, Intermarché et Système U.

Alors bien sûr, les temps ont changé depuis et la concurrence se développe de toutes parts: les magasins hard discount, les drives, l’e-commerce, ne cessent de croître et ont freiné le développement des hypers.

Fin de la consommation frénétique

Je ne sais pas vous, mais moi, j’arrête pas d’entendre la même rengaine. Depuis dix, on prédit la fin de l’hypermarché en raison du changement des comportements des consommateurs et des mutations du retail immobilier. C’est pourtant oublier la nature fondamentale du commerçant : sans cesse adapter son outil aux besoins de ses clients et anticiper l’avenir du commerce où qu’il soit.

Alors pour illustrer ce propos, un petit film sur l’histoire de la distribution qui revient sur les évolutions de la consommation des années 60 et détaille sa vision sur l’avenir du modèle de l’hypermarché qui s’annonce comme un appareil en perpétuel changement ressemblant de plus en plus à un « grand magasin de proximité » dont le panier moyen diminue mais toujours toujours en phase avec les désirs de consommation des clients de demain.

Regardez plutôt et dites moi si vous aussi pensez que l’hyper va rebondir et offre un nouveau rapport à la consommation.

Le sujet vous passionne ?

Pour aller encore plus loin dans l’histoire de la distribution française :

Je vous recommande ce blog de référence « Carrefour, un combat pour la liberté » et les travaux de son auteur Yves Soulabail sur la success story de Carrefour, dans lequel vous trouverez une foule d’informations et ce petit film vidéo sur les principes fondamentaux du commerce. Un document rare où l’on y voit Marcel Fournier revenir sur l’importance de la taille du parking et la productivité du personnel.

7 Commentaires

  1. Sympa cet article qui résume tout a fait l’état de la consommation en ce moment. J’ai l’impression d’être revenu 50 ans en arrière, l’image montre bien cette progression : les commerçants vont vers plus de partage et le respect de l’individu doit revenir sur le devant de la scène (et j’ai les preuves de ce que j’avance, les résultats de notre super confirment cette tendance).

    Ce blog est très instructif et jaime bien l’esprit créatif qui entoure les articles et en facilite la compréhension…j’ai mis votre article sur mon blog pour mieux le diffuser 🙂

  2. C’est vrai que maintenant on réfléchit a deux fois avant de faire ses courses dans ces lieux, mais malgré tout, l’endroit reste un concept très pratique et comme la plupart des gens je suis dans une attitude -utilitaire- et pense tout comme vous que le modèle de grande distribution européenne va se transformer sans pour autant s’éteindre..pour aller vers un modèle de conso sélectif et moins frénétique.

    L’avenir de la société est entre nos mains//..

  3. J’adhère totalement au discours, l’hyper doit devenir un petit bouclard totalement connecté, il serait tellement plus sympa de faire ses courses dans des magasins à taille humaine, le vieux paquebot passe aux oubliettes… Extra la photo s’inscrit bien dans l’esprit du mouvement en cours, l’humain évolue avec la machine et la grande distribution s’adapte comme toujours ! Merci pour cet article bien pensé…je suis votre blog régulièrement et adhère à votre démarche créative pour diffuser le retail comme une « marque » qualitative ! Bruno 🙂

  4. Wahou! Un putain de bon article sur les 50ans de l’hypermarché! je m’aperçois que je connais bien mulliez, fournier mais qui est louis catteau, inconnu au bataillon de la distrib ?? GG Valentin!

  5. Bonjour Artho, et merci pour ta réflexion et ce blog novateur.

    Il faut se rendre à l’évidence, l’hyper est de plus en plus tenté de profiter de sa position dominante pour prendre de nouvelles orientations vers ses propres intérêts économiques, sous couvert de consumérisme.

    J’ai trouvé ta remarque sur l’évolution des besoins des clients intéressante : doit-on s’attendre à voir disparaître ce modèle ?

    Je suis convaincu que le modèle peut trouver une nouvelle vie et s’adapter au e-commerce…

    Quid de l’avenir ? Évolution programmée en grand magasin de proximité ouvert aux services et aux marques reconnues au détriment des MDD classiques.

    En résumé : +++ de contenu de qualité +++ de branding +++ de services

    PS : ceci dit, on peut aussi rêver d’un lieu plus convivial et moins organisé comme un vaste entrepôt pour fêter ses 50ans..

  6. Super article et super site ce retail buzz, on aimerait tous avoir le même genre d’outil de partage 🙂 . Par contre je ne suis toujours pas étonné par ce que tu dis en conclusion, quand l’hyper fait le ménage, il ressemble plus à un grand magasin de proximité à taille plus humaine. Petit clin d’oeil à la photo en illustration qui colle remarquablement avec le thème général de l’article …

  7. @fandeshopping
    Je fais le même constat que toi. Merci pour le partage sur ton blog.

    @matt
    Je pense que le modèle de conso change et que la distribution européenne s’adapte à ces modifications structurelles du client 50 ans après l’invention du système.

    @Bruno
    Tout à fait, on passe d’une stratégie macro à un modèle micro plus qualitatif. Je crois que l’une des forces du secteur du Retail est d’être en perpétuel mouvement, voilà pourquoi il gagne à être mieux connu et expliqué à tous et j’ai encore pleins d’idées…:)

    @Valentin
    Dans les années 80, le groupe familial Catteau a suivi le mouvement des grands magasins et développé la chaîne Cedico dans le nord de la France à Aire-sur-la-Lys. Il est vrai, qu’on connait peu mais la Société Catteau qui gérait ses magasins était un acteur exploitant significatif à l’époque doté d’un parc d’hypers et supers par la suite vendus au groupe Tesco. Aujourd’hui, le groupe familial est devenu un joueur intégré à la fois investisseur, promoteur et opérateur de ses propres produits à travers la société Catinvest.

    Voici un lien qui vous renseignera sur le sujet:
    http://marquesdisparues.voila.net/Cedico/Cedico.html

    @Elodie
    Pour être honnête, j’ai souvent du mal à comprendre pourquoi les gens continuent d’aller dans certains grands hypers si ce n’est que par nécessité= bof bof

    Je suis d’accord avec vous dans l’idée d’aller vers plus de contenu qualitatif… mais attention à ne pas « embourgeoiser » l’hyper qui risque alors de bousculer les habitudes du consommateur et donc de donner de mauvais résultats, l’exemple de Carrefour illustre bien ce propos à travers sa tentative de lancer le concept Carrefour Planète.

    Soit une nouvelle génération d’hyper organisés en 8 pôles clés (marché, bio, surgelés, beauté, mode, bébé, maison, loisirs-multimédia) et proposant des services inédits comme un service de garderie pour les enfants ou un service coiffure…mais déployé uniquement de 2010 à 2012 car trop coûteux et inadapté.

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